Introduction
La proclamation de l’église chrétienne « Christ est ressuscité » pose de multiples interrogations :
- Doit-on parler de « résurrection », de « révélation » ou « d’apparition », voire de « relèvement », de « réveil » ou de « délivrance » ?
- S’agit-il d’une apparition physique ou spirituelle ?
- Comment expliquer que la prédication chrétienne se soit répandue aussi vite quelques mois après la mort de Jésus alors que, de son vivant, Jésus a été méconnu, incompris et abandonné ?
- Comment l’église a pu faire de la mort et de la crucifixion de Jésus-Christ l’élément constitutif de l’espérance du salut et de la victoire de la vie sur la mort ?
- Comment a-t-on pu prêcher que Dieu était le donateur miséricordieux de la vie et du salut, alors que Jésus était mort de manière prématurée en se sentant abandonné ?
Doit-on croire à la résurrection de Jésus ?
La croyance en la résurrection du Christ est d’abord un acte de foi en Dieu. En effet, Dieu est maître de la vie et de la mort. Et c’est aussi un acte de foi en la justice de Dieu qui ne laisse pas Jésus injustement condamné à mort et qui « l’exalte », le « glorifie » et le « justifie ».
- Après sa mort, Dieu a « justifié » Jésus, c’est-à-dire qu’il l’a réhabilité.
- Dieu l’a « glorifié » de son innocence et de son amour qui l’on conduit à volontairement donner sa vie.
- Dieu l’a « exalté » en proclamant Jésus comme seigneur.
Cette triple proclamation est, d’une part, la consécration de l’innocence de Jésus, d’autre part une glorification de son obéissance qui l’a conduit à accepter de mourir sur la croix pour la rémission des péchésdes hommes.
Les récits d’apparition de Jésus ont une fonction comparable à celle des récits sur la naissance virginale de Jésus.
En effet, les récits sur la naissance de Jésus ont pour but d’illustrer et de démonter, après coup, une confession de foi qui énonce que Jésus est bien le Messie attendu. De même, les récits d’apparitions de Jésus ressuscité ont pour vocation de valider le bien-fondé des premières confessions de foi qui attestent que le « Christ s’est fait voir » aux fondateurs de l’Eglise après la mort de Jésus.
Le fait que le « Christ s’est fait voir » à ses disciples a permis de « retourner » ceux qui l’avaient abandonné sur la croix. Les disciples ont ainsi été « retournés » et cela a conduit à la naissance de la première église chrétienne.
En effet, L’Eglise n’a pas été pas fondée par des saints, mais par des pécheurs pardonnés.
La condamnation de Jésus
Au cours de sa vie terrestre, Jésus est resté relativement inaperçu et n’a pas eu la même notoriété que d’autres prophètes messianiques, relativement nombreux à cette époque.
Jésus a été condamné par les juifs, le peuple, les romains et abandonné par ses propres disciples.
Jésus a-t-il eu un rôle politique qui aurait entraîné sa condamnation ?
Un certain nombre de ses disciples voulaient qu’il ait ce rôle politique, mais il semble les avoir déçus sur ce point.
Ainsi, Juda a trahi car il s’opposait à Jésus sur sa position par rapport à Rome. Quant à Pierre, il souhaitait que Jésus ait un véritable rôle politique.
Les évangiles ont été écrits 40 ans après la mort de Jésus et, à l’époque, l’Eglise voulait être en bons termes avec Rome. D’où notamment le rôle qui a été donné à Ponce Pilate dans ces écrits.
Mais en réalité, tout le monde souhaitait voir mourir Jésus, et Ponce Pilate le premier qui ne voulait pas d’une révolte contre Rome. La mise à mort de Jésus a évité une telle révolte du peuple et sa conséquence qui aurait été une répression sévère et un massacre par les troupes de César.
La mort de Jésus
La mort de Jésus a été profondément honorable et conforme à la théorie commune aux religions qui veut que « mourir pour les autres » permet de sauver ses semblables.
Ainsi Jésus est mort, mais n’a pas été crucifié tel un vulgaire voleur,selon les écrits de Paul.Jésus s’est conduit lui-même à la mort, sur un chemin volontaire.Et surtout, Jésus est mort à la place des autres puisque ses disciples ont eu la vie sauve.
Jésus s’est ainsi sacrifié, comme Moïse qui s’est offert en sacrifice pour que le peuple soit sauvé, ou comme Abraham qui a accepté le quasi-sacrifice de son fils Isaac, ce qui a permis la naissance du peuple d’Israël.
La notion de sacrifice vicaire (à la place de) existait chez les juifs et à l’époque de Jésus.Jésus est considéré comme une victime innocente qui meurt de manière sacrificielle.
Dans le texte « Esaïe 53 », il existe une annonce de ce qui s’est passé pour Jésus. Et à la fin du « chant du serviteur de l’éternel » (ou fils de l’éternel), il existe une glorification de celui qui s’est offert en sacrifice.
La résurrection de Jésus
La notion de résurrection existe dans de nombreuses religions.
Les textes du nouveau testament appliquent des éléments de l’ancien testament et reprennent notamment la notion de résurrection d’Esaïe 53.
Le terme employé de « résurrection » peut également être traduit par« relèvement », « réveil » ou « délivrance ».
Ainsi, dans les textes de Paul, écrits 15 ans après la mort de Jésus, on ne parle pas de résurrection.
Ce n’est que bien plus tard, dans les évangiles, que l’on commence à parler de résurrection physique et d’apparition de Jésus.
Marc fait le récit du tombeau vide, mais il ne parle pas de résurrection au sens propre.Jean et Pierre font la course pour voir le tombeau vide. Quant à Marie-Madeleine, elle relève du même courant que Jean.
Dans l’épitre aux Corinthiens, Paul se présente comme un prédicateur de la bonne nouvelle et déclare : « Christ est mort pour nos péchés selon les écritures ». Le terme « selon » se rapporte vraisemblablement à Esaïe 53. Il ne s’agit donc pas du constat d’une vérité, mais de l’affirmation de l’accomplissement des écritures.
Comment expliquer que la résurrection ait lieu le 3ème jour ?
Il est écrit que le 2ème jour Dieu nous « redonne la vie » et que le 3ème jour il nous « relève ».
Il existait, à l’époque, une croyance courante qui voulait que l’âme du défunt reste dans le corps durant 3 jours. Et ainsi, le 3ème jour, ce n’est pas le corps, mais l’esprit qui est « relevé ».
L’apparition du Christ
Plusieurs éléments doivent être pris en compte pour expliquer ce processus qui va d’une « révélation » et qui devient une « résurrection ».
Il est écrit que le Christ « est apparu ». Mais s’il « s’est fait voir », ce n’est pas nécessairement de manière physique.
Le terme « apparu » est souvent employé pour des notions qui ne sont pas physiques.
Ainsi Paul, qui s’est converti longtemps après la mort de Jésus, utilise le même terme dans ses écrits pour une apparition physique et spirituelle. Et il utilise aussi souvent le terme « exalté » à la place de « ressuscité ».
Par ailleurs, « Christ » est un terme iconique, difficile à expliquer, qui reprend le terme de Messie. En fait, ce qui a ressuscité, c’est le fait que le « Jésus mort était Christ ».La croyance étant que les martyrs pour leur foi avaient droit à une sorte de compensation et, par conséquent, qu’il était légitime que Jésus ait une vie « en Dieu ».
A noter, par ailleurs, que les termes « fils » ou « serviteur » de Dieu sont issus d’une traduction différente du même mot grec « pais ».
Renaissance de la prédication de Jésus
Durant son existence terrestre, Jésus a été humilié de manière injustifiable. Après, il est réhabilité, c’est-à-dire « justifié ».
Dans la psychologie des disciples de Jésus, il existe un sentiment de culpabilité et donc un désir de rattrapage.
La force du Christ vient du fait qu’il a été trahi et que les disciples ont compris, après coup, les raisons du calvaire.
Il y a eu application à Jésus du message qu’il avait lui-même prêché, à savoir que les derniers seraient les premiers à être réhabilités.
Dans ces conditions, ceci peut expliquer comment la prédication de Jésus a pu démarrer et s’étendre aussi rapidement après sa mort.