La France a une politique musulmane depuis deux siècles avec une évolution marquée dans le portage de cette politique : la colonisation a été mise en œuvre par une « élite » de la gauche républicaine laïque au nom d’une mission civilisatrice la droite cléricale étant à l’époque hostile à la colonisation pour des raisons de coût. Ces élites de gauche qui proclamaient liberté égalité fraternité sur le territoire français, ont procédé à un complet retournement de leurs convictions républicaines dès qu’il s’est agi de les mettre en œuvre dans les colonies. La rupture se produisit en 1920 avec l’engagement d’une partie de la gauche dans les mouvements anticoloniaux suite à l’appel aux peuples d’Orient de Lénine qui qualifiait d’impérialiste les conquêtes coloniales.
Le conférencier illustre ce retournement à travers quelques exemples historiques peu connus si ce n’est occultés : l’expédition de Bonaparte en Egypte, les saint-simoniens en Egypte et en Algérie, Clemenceau, le décret Crémieux, la projection chrétienne de la IIIe République au Levant, la non application aux musulmans d’Algérie de la loi de 1905 de séparation de Eglises et de l’Etat, Clemenceau, la division de la Grande Syrie, l’affaire Sarrail.
Ces évènements ne sont pas connus de ceux qui se radicalisent actuellement au nom de l’islam mais ils participent à un ressenti général de victimisation. L’histoire des relations entre l’islam et les idéaux républicains et laïcs français est celle d’un décalage historique. Ce décalage a produit un effet de miroir inversé où la religion musulmane s’est transformée en une idéologie de combat face à des idéaux assimilés à la domination coloniale. Beaucoup se sont réfugiés dans un littéralisme coranique, une petite minorité a pris en otage les croyants qui sont réticents à se faire leurs les idéaux de l’ancienne puissance coloniale.
Laisser un commentaire