CER conférence du 12 mars 2020 par MF Baslez Inscrire Jésus dans l’histoire : nouvelles approches et enjeux

pierre Christianisme, Comptes Rendus juillet 27, 2025

Jésus continue à fasciner et la recherche historique à se développer. Le débat ne porte plus sur l’existence historique de Jésus qui est prouvée selon la méthode historique de croisements documentaires. Les sources juives (Flavius Joseph) les sources gréco-romaines (Tacite, Lucien de Samosate) ont une opinion plutôt favorable et trouve sa mort injustifiée. Ceci ne veut pas dire que l’on connaisse sa famille. Sa date de naissance est indéterminée ; il est né à Bethleem car la Bible annonçait un messie né à Bethleem.  Sa mort l’a rendu célèbre. Jésus est un personnage historique. La question est : quelle est son inscription dans l’histoire, est-il le fondateur d’une religion nouvelle ? Il nous faut replacer Jésus dans le judaïsme de son temps : le postulat de recherche né avec la shoah et Vatican 2 (texte de Paul VI) est l’étude de la matrice juive du christianisme, ce qui fut bien reçu par les juifs. Le judaïsme de l’époque est pluriel (saducéens, pharisiens, esséniens, zélotes, baptistes) avec des divergences au niveau du croire et du politique. La découverte des manuscrits d’OUMRAN mer morte ont permis aux historiens de travailler sur les différences entre les textes. Aujourd’hui tous les historiens du judaïsme sont d’accord sur la judéité de Jésus comme pharisien ; la sympathie des pharisiens pour Jésus est attestée : sont pharisiens : Flavius Josèphe, Saint Paul, croyance traditionnelle en la résurrection chez les pharisiens. Jésus interprète la loi de façon personnelle comme les pharisiens qui parlaient déjà de Jahvé Dieu notre père deux siècles avant notre ère. Jésus un juif marginal (livre de John Paul Meier « Jésus, a marginal jew » traduit au CERF un certain juif  Jésus). Jésus renouvelle le prophétisme qui était éteint depuis Zacharie.

 

Dans l’exégèse catholique actuelle aux USA, Jésus est décrit comme un prophète du mouvement social contre les romains et comme un thaumaturge qui fait des miracles, un nouvel Elie et son disciple Elisée qui ressuscite les morts.  Mais les dates ne collent pas avec la résistance des juifs aux romains et Jésus fait surtout des exorcismes pour chasser le mal, ce qui n’est pas permis par la Bible hébraïque. Restons donc sur l’idée d’un juif marginal.

 

La condamnation/exécution : 30 ou 33. Evoqué par Tacite. Roi des juifs au sens de roi de Judée. Jésus n’a pas été condamné comme blasphémateur (la milice du Temple aurait pu le tuer) ni comme messie. Peut-être pour sa violence par rapport aux marchands du Temple, peut-être comme prophète de malheur se désolidarisant du peuple juif (un autre Jésus plus tardivement, annonçant la fin du Temple  a été livré aux romains). Jésus reste un prêcheur juif en milieu juif, marginal, clivant le judaïsme de son temps ; il est donc mort sans que l’on sache exactement pourquoi).

 

Jésus a-t-il fondé le christianisme ? Le christianisme apparait un siècle après sa mort sous Trajan 115/117 comme une autre façon d’adorer le dieu unique. Christos messie ; christiani chrétiens. Lacunes documentaires : pas de source sur la mort de Jésus avant 50 (lettre de Paul en grec). Paul est un juif hellénisé qui s’appuis sur la bible septante écrite en grec ; or la prédication de Jésus est en langue sémitique. Il n’y a pas de continuité historique ou culturelle entre les deux. Jésus a-t-il été trahi par les siens ?  Jésus a prêché le royaume de Dieu mais c’est l’Eglise qui advient (Loisy). Jésus était ouvert aux non –juifs : guérison de la fille de la syro-phénicienne, duplication d’un miracle d’Elie qui est allé au Liban où il ressuscite un enfant de la veuve de Sarepta. Jésus allant au-delà du judaïsme : deux des douze apôtres  ont des noms grecs ; selon l’évangile de Jean, Ponce Pilate interroge Jésus en grec ; Jésus dessine par terre devant la femme adultère, selon un procédé des maîtres grecs. La religion nouvelle résulte d’une longue interaction entre juifs et communautés chrétiennes.

Le monothéisme trinitaire est différent du monothéisme juif. La communion autour de Jésus a un caractère personnel, il ya bien conviction personnelle alors que dans les religions anciennes on honorait les mêmes dieux et on pratiquait les mêmes rites que les ancêtres, (religion dominée par l’ethnicité). Il y a bien une rupture davantage théologique qu’en réaction contre le judaïsme de son temps. Le Dieu de miséricorde versus le Dieu jaloux. Jésus prêche une religion nouvelle qui répond aux besoins de son temps.

 

Enfin, Jésus s’inscrit dans le champ de l’apocalypse juive (livre de Daniel deuxième siècle avant notre ère) ; Jésus se décrit 22 fois comme le fils de l’homme (Adam avant la chute) or cette inscription gêne ses contemporains car se dire fils de l’homme renvoie à s’identifier collectivement à Israël. Il est probable que le mouvement apocalyptique fut important dans le recrutement des disciples de Jésus : l’incendie de Rome sous Néron fut attribué à cette petite secte de chrétiens désignés comme bouc émissaires de par leur religion apocalyptique annonçant la fin de Rome.

 

 

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