CER conférence du 28 novembre 2019 par Françoise Hildesheimer L’histoire de l’histoire religieuse en France

pierre Autres, Comptes Rendus juillet 27, 2025

L’histoire était jusqu’au 16ème siècle une affaire de clercs qui « pesaient des témoignages » en fonction de l’autorité reconnue ou attribuée à celui qui les donnait. La Réforme a remis en vigueur une critique philologique des textes (Mabillon, Bossuet, Richard Simon) face à l’érudition monastique. Le 18ème siècle ajoute une couche philosophique à l’histoire : la marche du progrès de l’esprit humain. La Révolution invente l’histoire du temps présent (Lamartine, Bonald). Au 19ème siècle l’érudition et l’histoire se réunissent pour s’appliquer à l’étude critique de la Bible. L’Eglise a en effet subi tous les assauts de la révolution française et a perdu son statut de religion d’Etat. L’histoire comparée des religions peut advenir.

L’histoire nationale de la France se met au point dans le cadre de la compétition avec l’Allemagne (renouveau de la Sorbonne, création de l’Institut, de l’Ecole des Chartes) : c’est le triomphe du positivisme au sens que l’histoire doit être fondée sur des documents positifs (l’instituteur national Ernest Lavisse).

L’histoire ecclésiastique, restée aux mains du clergé, s’était tenue à l’écart de ce grand mouvement ; elle était restée plus apologétique qu’historique. En 1830 une méthode nouvelle d’études apparaît avec Lamennais avec cette idée de montrer que le catholicisme est la vraie religion qui est présente dans toutes les cultures : il faut réconcilier science et foi. Suit l’encyclopédie théologique de l’abbé Migne en 171 volumes !

Ces efforts de renouveau de l’histoire ecclésiastique sont peu face à la vague de sécularisation de l’histoire religieuse qui dans le sillage du protestantisme promouvant l’histoire comparée et critique des religions (Gabriel Monod, Albert Reville) va dominer le siècle avec Renan. Ce mouvement est incarné dans des institutions et des revues : Collège de France et sa chaire d’histoire des religions, EPHE cinquième section, Revue d’histoire des religions).

Léon XIII ouvre les archives du Vatican ; l’Ecole française de Rome, l’Ecole biblique de Jérusalem aux mains des dominicains, poursuivent l’œuvre d’écriture de l’histoire sainte (père Lagrange).

Le coup de tonnerre viendra de la publication de la Vie de Jésus par E Renan, un best-seller européen, censuré dans les bonnes familles catholiques, mis à l’index, bien écrit  (Renan plus styliste qu’érudit ?).

Du côté clérical on notera les efforts de l’abbé Bremond, d’Alfred Loisy, qui doivent travailler dans la discrétion mais sont poussés dehors de leurs institutions. Mais même en c temps où l’histoire se fait science, l’histoire religieuse reste un combat et ce décalage se poursuit jusqu’aujourd’hui entre controverse et apologétique. 95% des historiens des religions sont encore actuellement marquées par leur appartenance religieuse.

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