Résumé de la conférence de Dimitri Laboury au Cercle Ernest Renan le 24 octobre 2024 — Sur les traces d’Akhénaton, entre mémoire et histoire

pierre Comptes Rendus, Egypte juillet 30, 2025

Introduction

 

Dimitri Laboury est Égyptologue et travaille à l’Université de Liège. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les grands pharaons.

Le sujet d’Akhénaton, abordé lors de cette conférence, est particulièrement intéressant dans la mesure où ce pharaon n’a aucune postérité mémorielle dans l’histoire officielle de l’Egypte antique et que l’on a même tenté de le faire disparaître des sources égyptiennes. Mais paradoxalement, sa notoriété a explosé au vingtième siècle, notamment du fait que les égyptologues ont retrouvé beaucoup d’éléments historiques sur son époque, cachés sous d’autres monuments, mais en parfait état de conservation.

L’une des principales caractéristiques de ce pharaon du 14ème siècle avant notre ère, c’est qu’il semble avoir introduit un culte monothéiste consacré au Dieu Amon.

 

 

Akhenaton précurseur de notre modernité ?

 

Les égyptologues ont retrouvé, lors de leurs fouilles, de nombreuses traces d’Akhenaton et de son épouse, la reine Néfertiti. Ils ont également mis à jour le site d’Amarna qui a été la capitale du règne d’Akhenaton en Haute-Egypte.

Les plus anciennes sources remontent au prêtre et égyptologue du 18ème siècle Claude Sicard. Elles seront complétées lors de l’expédition d’Egypte de Bonaparte, puis par les égyptologues anglais et allemands au 19ème et 20ème siècle (Richard Lepsius, Howard Carter, William Petrie, Heinrich Schäfer, …).

L’effigie d’Akhenaton et le buste de Néfertiti ont été vus, par les artistes expressionnistes du 20ème siècle, comme étrangement “modernes” dans leur représentation. C’est l’une des raisons qui a fait considérer ce pharaon comme une sorte de précurseur de notre modernité.

Mais la raison principale, c’est le fait qu’il ait considérablement modifié durant son règne le culte traditionnel des dieux égyptiens et qu’il ait progressivement développé une sorte de culte monothéiste consacré au Dieu du soleil ainsi qu’à sa propre personne qui incarne ce Dieu. Ce nouveau culte sera considéré par certains comme hérétique et par d’autres, notamment les anglo-saxons, comme une sorte de prémisse de la tradition judéo-chrétienne.

 

 

Akhénaton, personnage historique

 

De nombreux auteurs ont présenté une vision romanesque d’Akhenaton et de Néfertiti, mais si on se réfère aux sources archéologiques vérifiées, les éléments d’explication sur son règne et sur le culte d’Amon sont beaucoup plus prosaïques.

Amenhotep III, le père d’Akhenaton, va se représenter comme une incarnation du soleil et mettra le Dieu Amon au centre du culte égyptien.

Au début de son règne, Akhénaton se met dans la droite ligne d’Amenhotep III en matière de culte religieux. Mais des documents attestent d’une contestation du pouvoir qui va conduire Akhénaton à une reprise en main de la Cour et du pouvoir religieux. C’est progressivement que le culte des dieux va évoluer et seulement à la fin du règne d’Akhénaton qu’un Dieu unique apparaîtra.

Akhénaton va faire construire de toutes pièces et selon des techniques nouvelles sa capitale à Amarna ce qui lui permettra, comme Louis XIV à Versailles, de mieux contrôler ses courtisans.

Akhénaton va ainsi réformer le système institutionnel de l’Égypte à des fins personnelles pour asseoir son pouvoir.

Le règne d’Akhénaton s’achève avec une vaste défaite militaire et une épidémie de peste qui seront vus par les égyptiens comme une punition divine. Et, à la suite de son règne, une haine contre le monothéisme se développera en Egypte et Akhénaton sera “effacé” de l’histoire officielle et tous ses monuments détruits.

 

 

Associer Akhénaton avec le développement du judaïsme ?

 

De nombreux auteurs modernes ont voulu associer le culte monothéiste mis en place par Akhénaton avec la naissance du judaïsme et la figure de Moïse. Celui-ci est présenté comme un prince égyptien qui deviendra le chef des juifs, alors considérés comme des esclaves par les égyptiens.

Mais une telle association n’a pas de sens du point de vue historique et Freud, notamment, qui développe cette théorie se trompe totalement car il n’a pas accès à l’ensemble des éléments disponibles aujourd’hui sur ce pharaon et sur son époque.

 

 

 

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