Résumé de la conférence de Pierluigi Piovanelli au Cercle Ernest Renan le 14 mars 2024 — Derniers développements de la recherche sur le Jésus historique

Introduction

 

Pierluigi Piovanelli est un historien laïque, philologue et directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes.

Il a également travaillé à l’université de Lausanne, ainsi qu’à l’université d’Ottawa.

Son ouvrage “Le Jésus des historiens – Entre vérité et légende” vise à replacer la vie de Jésus dans son cadre historique.

Lors de sa conférence, Pierluigi Piovanelli a présenté les différentes approches historiques concernant Jésus depuis la période des Lumières jusqu’à aujourd’hui.

 

 

Contexte général

 

Jésus est né, probablement à Nazareth et non à Bethléem, en l’an 4 avant notre ère et il est mort en l’an 31.

Les historiens le présentent comme un prophète et un personnage charismatique ayant vécu en Galilée qui était à cette époque une colonie juive.

Par ailleurs, pour les historiens, le Christianisme n’a ni été inventé par Jésus, ni par Paul.

 

 

Les trois quêtes historiques sur Jésus

 

Les premières études historiques concernant Jésus datent de 1778 et ont été réalisées en Allemagne. La vision présentée à cette époque est celle d’un homme charismatique qui a tenté une sorte de révolution contre les romains. Et cette révolution ayant échoué, les soutiens de Jésus auraient alors substitué son corps pour ne pas montrer l’échec de cette tentative.

Bien entendu, une telle approche, qui se débarrassait des dogmes chrétiens, était scandaleuse par rapport aux préceptes de l’Eglise.

Il a fallu attendre le début du 20ème siècle pour que de nouvelles études historiques sur Jésus soient entreprises, toujours par des savants allemands.

Albert Schweitzer, notamment, fera un examen critique des études historique sur la vie de Jésus et publiera “Le secret historique de la vie de Jésus” qui ne sera traduit en français que très longtemps plus tard.

Il convient de noter qu’Albert Schweitzer, bien que sensible à la culture française, a donné des gages aux allemands pour discréditer les travaux d’Ernest Renan.

Un peu plus tard, dans les années 30, les historiens s’accordent sur le fait que Jésus est juif, ainsi que Paul, ce qui est mal perçu à cette époque où l’antisémitisme est très présent.

 

En 1953, à l’occasion d’une réunion des théologiens allemands, Ernst Käsemann se démarque de son mentor Rudolf Bultmann en distinguant dans les sources disponibles ce qui relève d’élaborations ultérieures et ce qui peut être attribué à Jésus. Cette seconde quête vise à éliminer tout ce qui est mythe et à ne conserver que le reste. Elle va se poursuivre jusqu’en 1985, année qui marque le début d’une troisième quête, principalement aux Etats-Unis.

Cette troisième quête  utilise les découvertes archéologiques récentes réalisées en Galilée, en l’absence d’autres sources documentaires nouvelles.

 

 

L’évolution de la recherche sur Jésus

 

Les théologiens allemands se sont longtemps considérés comme les véritables spécialistes de l’étude de Jésus. Et la culture francophone a toujours manqué de traductions des théologiens allemands.

Aujourd’hui, les principales études bibliques se font aux Etats-Unis.

Dans le monde francophone, les tentatives d’une nouvelle quête n’ont pas abouti.

 

La recherche actuelle vise à analyser chaque parole en examinant ce qui est vrai.

Ces nouveautés pragmatiques permettent une analyse des évangiles en distinguant, via une sorte de “code couleur” :

-ce qui est authentique,

-les incertitudes,

-ce qui est douteux,

-enfin ce qui est non authentique.

Dans ce type d’approche, on peut particulièrement considérer comme historique ce qui est plausible par rapport aux pratiques juives.

 

Concernant la personnalité de Jésus, les principaux historiens s’accordent sur le fait qu’il s’agissait d’un personnage charismatique. Pour autant, les analyses ne sont pas toutes convergentes : pour certains savants allemands Jésus était un “bourgeois” et pour américains, il aurait une image “californienne” en tant que philosophe intéressé par les réformes sociales.

 

Il semble, par ailleurs, que Jésus n’aurait enseigné que dans les villages de Galilée et que la seule ville où il serait allé, c’est Jérusalem où il a été crucifié.

 

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