Résumé de la conférence de Gilbert Klein au Cercle Ernest Renan le 13 mars 2025 — Regards Laïques sur les Dérives Sectaires – Une Présentation Générale

pierre Autres, Comptes Rendus juillet 31, 2025

Gilbert Klein est docteur en droit, Président du Cercle Laïc pour la Prévention du Sectarisme qui se situe à Vesoul  et il est l’auteur des ouvrages « Les sectes et l’ordre public » (Presses Universitaires de Franche Comté) et « Dignité-Liberté-Dérives sectaires et droits fondamentaux  » (Connaissances et savoirs)  

La conférence se concentre sur une analyse des « dérives sectaires » sous un angle laïque. Elle aborde plusieurs aspects de ce que sont les sectes et leurs dangers. Une mention particulière est faite au livre d’Alain Woodrow intitulé « Les nouvelles sectes », qui évoque des groupes comme les Enfants de Dieu, Moonistes, Dévots de Krishna, Eglise de Scientologie.

Gilbert Klein aborde la vulnérabilité de la jeunesse et indique qu’après avoir contesté l’autorité en 1968, une nouvelle génération accepte une discipline rigide et abandonne sa volonté. Il est suggéré que cette jeunesse « s’offre comme un fruit mûr aux mains avides des nouvelles sectes ». L’abandon du sens critique et de la liberté peut ouvrir la voie à des récupérations, manipulations, voire au fascisme. Une comparaison directe est faite entre les méthodes de Moon et celles de Hitler.

La législation existante vise à contrer les abus (l’article 405 du Code pénal français). Il est également souligné la difficulté de définir ce qu’est une secte, en reconnaissant que certaines sont inoffensives et que les plaintes concernent uniquement les malfaisantes.

La conférence s’appuie sur des rapports officiels, comme celui d’Alain Vivien intitulé « Les sectes en France : Expressions de la liberté morale ou facteurs de manipulations ? ». Des informations spécifiques sur la Scientologie sont présentées, décrivant sa doctrine en trois étages (Dianétique, Scientologie, philosophie scientologique) et sa vision du monde basée sur des « thétans » et des « données fausses ». Le but final pour le scientologue est de « repartir à la conquête du Cosmos ». Il est fait état de débats juridiques sur le statut religieux de la Scientologie, notant que certaines juridictions étrangères lui ont accordé des prérogatives de culte, comme l’exonération fiscale. Il est également fait mention de la lutte contre la drogue et la défense de la famille, ainsi que de « l’électromètre de Hubbard ».

La  « Salle du Royaume » ainsi que la publication « La Tour de Garde” font référence aux Témoins de Jéhovah. Une distinction est faite entre le « témoignage chrétien » et le « prosélytisme abusif », ce dernier étant décrit comme offrant des avantages matériels, exerçant une pression abusive, ou impliquant la violence et le « lavage de cerveau ». Les Témoins de Jéhovah invoquent le rôle des « bergers spirituels » qui prennent soin du « troupeau » sous la direction de Jésus Christ. Il est question de discipline, y compris l’excommunication. Les contacts avec un enfant mineur excommunié sont maintenus pour les besoins physiques et la formation morale, y compris l’étude de la Bible. Cependant, les contacts avec un enfant majeur excommunié qui ne vit plus sous le toit familial doivent être évités. A noter que les Témoins de Jéhovah rappellent l’importance de soutenir les mesures de discipline des « bergers » pour la protection de l’enfant et des parents.

Le Raëlisme est également abordé, avec une image promotionnelle du message donné par les extra-terrestres. La doctrine raëlienne est décrite comme rejetant Dieu et l’âme, affirmant que les « Elohim » (des créateurs scientifiques extra-terrestres) sont à l’origine de la vie sur Terre. Raël est présenté comme l’ultime prophète des extra-terrestres. Des aspects controversés du mouvement, tels que la manipulation des membres, le mélange de méditation hypnotique et de plaisir sensuel comme une drogue puissante, et la mise à disposition sexuelle de jeunes femmes pour Raël, sont évoqués.

La mission du plein évangile (Église évangélique de Vesoul) recrute, quant à elle, des personnes vulnérables avec la promesse de guérison par la prière, la demande de la dîme, et des réunions avec des témoignages de guérisons « psychosomatiques ». Il est évoqué des réunions complètement hystériques et des pasteurs prétendant opérer des miracles physiques.

La suite de la conférence explore des concepts plus larges liés à la liberté religieuse, au totalitarisme et à des formes de contestation.

Une citation de Delphine Horvilleur définit la laïcité française, affirmant qu’elle ne s’oppose pas à la foi ou à l’incroyance, mais garantit un espace pour toutes les croyances, empêchant une foi de saturer tout l’espace et affirmant l’existence d’un « territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre ».

Un extrait du Concile Vatican II, « Dignitatis Humanae » déclare le droit de la personne humaine à la liberté religieuse. Cette liberté implique l’absence de contrainte d’individus ou de groupes sociaux, permettant d’agir selon sa conscience « dans de justes limites ». Ce droit est fondé sur la dignité de la personne humaine et doit être reconnu comme un droit civil. Les êtres humains sont tenus de chercher la vérité religieuse et d’y adhérer, ce qui n’est possible qu’en l’absence de contrainte extérieure. Le droit à cette exemption de contrainte persiste même pour ceux qui ne cherchent pas la vérité, tant qu’un « ordre public juste » est maintenu.

La loi concernant la Séparation des Églises et de l’État est également présentée, en particulier son article premier qui assure la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public. L’article 2 stipule que la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte, mais peut financer des aumôneries dans certains établissements publics. L’article 31 prévoit des sanctions pour ceux qui utilisent la violence, les menaces ou la peur de perdre un emploi pour contraindre quelqu’un à pratiquer ou à s’abstenir de pratiquer un culte, ou à adhérer ou cesser d’adhérer à une association cultuelle.

Enfin, il est abordé le sujet du complotisme et de l’assimilation de la politique sanitaire (port du masque, vaccinations) au totalitarisme, voire au nazisme, en se référant aux propos de Louis Fouché. Des comparaisons sont faites avec le ghetto de Varsovie où une épidémie de typhus aurait servi de prétexte à l’isolement. Il est également question de la « Permaculture humaine » et d’alternatives démocratiques. La désignation de « l’ennemi » dans la propagande actuelle est évoquée, citant des noms comme Péronne, Raoult et Dieudonné.

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