Introduction
Marc Génin témoigne du parcours qui l’a conduit à rencontrer l’Orthodoxie et à être ordonné prêtre dans cette religion en 2006 alors que rien ne le prédisposait à cela eu égard à son milieu familial et à son éducation.
Le parcours de Marc Génin
Marc Génin est issu d’une famille catholique romaine pratiquante. Il a une formation d’ingénieur et son parcours est ancré dans la rationalité. Il a fait du scoutisme, a été bénévole sans sa paroisse, a fréquenté l’aumônerie catholique tenue par des jésuites lorsqu’il était étudiant et il est resté proche de son ancien confesseur.
Au cours de sa carrière professionnelle, alors qu’il vivait à Metz, Marc Génin a rencontré des difficultés dans son entreprise et s’est mis à la pratique du yoga qui lui a permis “de se concentrer sur un ressenti pour arrêter de penser”. Cette pratique sensorielle a été un véritable déclic pour lui. Il a compris que “le centre de gravité de l’homme n’était pas le cerveau, mais le corps”.
C’est dans cette période qu’après avoir lu Annick de Souzenelle, il se rapproche de la religion orthodoxe. Durant les 5 années qui suivent, Marc Génin oscille entre l’église de Rome et l’orthodoxie, ce qui ne le satisfait pas. Le fait de ne pas choisir le rend littéralement malade. Et il finit par conclure qu’il doit aller vers “l’endroit qui lui apporte la vie”.
Il retourne voir son ancien confesseur qui lui donne l’absolution et l’autorise ainsi à se rapprocher de l’orthodoxie et à quitter l’église de Rome. Marc Génin rentre alors en conflit avec une partie de sa famille qui ne comprend pas sa conversion et qui le considère comme un “traître” à sa religion. Mais son choix est définitif et il rejoint l’Eglise Catholique Orthodoxe de France.
Il suit alors des cours de théologie, puis, à la suite de dissensions internes à l’ECOF, il rejoint l’Eglise Orthodoxe Serbe et plus précisément la paroisse d’Asnières. Marc Génin est ordonné prêtre dans cette paroisse en 2006 et il se consacre alors à son ministère, mais également, en tant qu’aumônier, au milieu carcéral.
Parallèlement, il donne des cours en tant que consultant, notamment à HEC.
Les spécificités du rite orthodoxe
Marc Génin note que les principaux éléments qui différencient l’approche orthodoxe de celle de l’église catholique romaine tiennent à des polémiques théologiques comme le “Crédo de Nicée” et le rajout que l’Esprit Saint procédait du Père “et du Fils”. Ce rajout “du Fils” filioque a toujours été refusé par les orthodoxes et a conduit au schisme de 1054.
Mais au-delà de l’importance de l’Esprit Saint, l’orthodoxie se distingue par une vie liturgique plus importante que celle de la religion catholique romaine.
Dans l’orthodoxie, la relation à Dieu est plus personnelle. On passe d’une posture d’individu qui se compare aux autres à celle de personne unique. Le travail sur la connaissance est également différent : on expérimente d’abord et on comprend ensuite ce que l’on a vécu. Cette approche est en opposition avec la posture binaire et cartésienne des occidentaux.
Par exemple, lors de ses échanges en tant qu’aumônier avec des prisonniers, Marc Génin parle de la vie et de la mort. Il ne s’agit pas d’aborder ces sujets sous la forme de concepts, mais en se confrontant aux réalités vécues. On parle ainsi du sens réel de la vie.
Chez les orthodoxes, la voie de l’apaisement consiste à se rapprocher du Christ. Et lorsque le Seigneur met devant nous des conflits dramatiques, il ne sert à rien de participer aux tensions, ni d’alimenter les débats qui ne sont pas à notre main. Quant à la démarche œcuménique, l’orthodoxie enseigne que lorsqu’on veut se rapprocher d’un frère, il faut se rapprocher du Christ.
L’orthodoxie a une tradition universaliste, notamment pour ce qui concerne le salut universel. Pour autant, s’il existe un universalisme dans l’orthodoxie, les orthodoxes sont peu œcuméniques. Il ne s’agit pas, à proprement parler, d’un paradoxe, mais d’une antinomie. Faire cohabiter les contraires est ainsi au cœur de la vie spirituelle.
Pour l’orthodoxie, nous devons prendre nos racines dans la terre où nous habitons. Il est important, également, de rester en lien avec une église qui a la continuité apostolique. La recherche de ce lien canonique est complexe, mais nécessaire.
A Paris, il existe une douzaine d’évêques orthodoxes, ce qui est contraire aux principes. Mais l’important est de se reporter aux points essentiels.
Dans l’orthodoxie, on retrouve une diversité des rites. C’est Charlemagne qui a détruit cette diversité de rites au sein de l’église d’Occident. Mais Benoît XVI a milité pour un retour à cette diversité de rites, car l’unité n’est pas nécessairement l’uniformité. A noter qu’il n’y a pas de musique dans le rituel orthodoxe. Les énergies sont centrées sur la beauté du rite.