Résumé de la conférence de Dominique Vibrac au Cercle Ernest Renan le 15 décembre 2022 — Al-Ghazali, un Penseur Déconcertant

Introduction

Le penseur musulman d’origine perse Al-Ghazali (1058-1111) est un polymathe avec des connaissances approfondies notamment dans les domaines de la théologie, du droit, de la philosophie et des mathématiques.

D’abord de tradition soufiste, il développe sa propre pensée qui prône un islam rigoriste et il critique de manière très ferme les philosophes dont il note les incohérences. Pour Al-Ghazali, seule la transcendance libère l’homme et l’intelligence doit être bridée. Il considère que la raison est inférieure à la foi en tant que connaissance et que, par conséquent, elle n’apporte rien à la foi. De fait, sa pensée philosophique se met au service de la fermeture de l’intelligence au profit unique de la foi.

L’impact de son enseignement va avoir des conséquences très négatives sur l’évolution de l’islam ouvrant la voie à une croisade intellectuelle contre les hérétiques et plus globalement contre tous ceux qui seraient tentés de mettre la raison avant la foi. Il s’oppose en cela à Avicenne et il sera réfuté par Averroès au 12ème siècle. Pour autant, ses idées auront profondément marqué l’islam jusqu’à aujourd’hui.

Le parcours d’Al-Ghazali

Al-Ghazali est né à Tus (Tous) dans le Nord-Est actuel de l’Iran. Avec son frère Ahmad devenu prédicateur, il a reçu très tôt une instruction religieuse. Il a notamment été le disciple du théologien Al-Juwani.

Il travaille d’abord à la cour du sultan de Bagdad, mais, à la suite d’une crise mystique intérieure, il abandonne toutes ses fonctions officielles, ne supportant plus d’être un “intellectuel mondain”. Il fait alors le vœu de ne plus travailler pour autrui et retourne à Tus pour fonder une école de théologie.

Dans son ouvrage “la voie de la dévotion”, il incite les hommes à faire un chemin spirituel. Il reproche à la pratique religieuse de son temps d’être trop formaliste et souhaite une réforme de l’islam visant à plus d’authenticité personnelle. Sa croisade intellectuelle va s’orienter vers une réfutation de l’enseignement des philosophes et vers un islam plus radical. Pour lui, Dieu est une liberté pure qui fonde une nécessité universelle. A la fin de sa vie, son intolérance et sa vision anti-humaniste vont fortement s’accentuer.

Sa vision de Dieu et de ses “créatures”

Al-Ghazali professe que Dieu conditionne tout et que ses “créatures” n’ont pas de vraie liberté, ni de possibilité créatrice. Pour lui, Dieu est tout et l’homme n’est plus rien. La seule causalité est celle de Dieu au travers des choses. Sa pensée s’apparente ainsi à “l’occasionalisme” dont le principe est de considérer que les choses créées n’ont que Dieu comme causalité.

En cela, sa pensée se rapproche de celle des Augustinistes et s’oppose à celle de saint Thomas d’Aquin pour qui Dieu est “la cause des causes” (notion de causalité seconde). Pour Al-Ghazali, Dieu est tout et nul n’est digne d’amour sinon Dieu. La foi seule éclaire et il rejette tout ce qui est éloigné de Dieu. L’islam est une soumission de l’homme à Dieu, car tout dépend de la liberté divine.

Sa vision du monde créé par Dieu

Selon Al-Ghazali, Dieu a créé le monde qu’il a choisi et Dieu n’est déterminé par rien.

De fait, Dieu a créé le meilleur des mondes possible, car c’était son choix. Il admet que la loi de l’islam doit être bien comprise et il trouve dans le droit une justification pour lancer le jihad contre les mécréants.

Il professe la nécessité d’être sincère dans la dévotion et estime que la lutte contre les mauvais musulmans devient une expérience mystique nécessaire. L’adoration de Dieu doit être “cristalline”. Dans le véritable islam, l’excellence de l’adoration et de la pratique religieuse doivent correspondre autant “à l’intérieur” de soi, “qu’à l’extérieur”.

Pour Al-Ghazali, il n’y a pas de raison libre. Pour autant, il considère que la logique et les mathématiques fonctionnent bien. Il considère que les philosophes n’arrivent qu’à l’incohérence car leurs instruments logiques sont inadaptés. Il juge qu’il faut faire triompher la vérité divine et donc lutter contre les philosophes et l’éternité du monde qu’ils professent. Al-Ghazali dénonce l’esprit de tolérance qui consiste à accepter un mal pour éviter un mal plus grand. Pour lui, seul compte le combat contre l’erreur et l’impiété. Et il va même jusqu’à lancer une fatwa contre les philosophes qui, selon lui, doivent être tués. A partir d’Al-Ghazali, l’obscurantisme se développe dans l’islam et perd son potentiel intellectuel. Les héritiers des pensées répressives deviennent ainsi pauvres en pensées intellectuelles.

Postérité

Al-Ghazali sera traduit en latin par les Chrétiens d’Orient et il ira même jusqu’à inspirer certains courants du judaïsme.  Averroès va très fortement réfuter Al-Ghazali. Il explique notamment qu’Al-Ghazali prête à tort certaines théories à des philosophes comme Avicenne et fait preuve d’une certaine mauvaise foi.

Au final, on peut retenir qu’Al-Ghazali est un personnage très paradoxal avec une réflexion très puissante et une pensée très aboutie. Mais qui porte également de  nombreuses contradictions dans son enseignement. Il a ouvert la voie à une religion d’autorité fermée à la critique intellectuelle. Il a ainsi opéré un tournant obscurantiste dans l’islam en contestant les prétentions des philosophes à construire une synthèse métaphysique cohérente et définitive.

 

 

le CER reçoit Dominique Vibrac

jeudi 15 décembre 2022 de 18h à 19h30

 Sur le thème « Al -Ghazali. Un penseur déconcertant »

Par Monsieur Dominique Vibrac

Historien et philosophe, ancien président du Cercle Ernest Renan, Dominique VIBRAC évoque la figure singulière et riche d’enseignement du penseur musulman Al-Ghazali (1058-1111) en la situant dans le contexte historique. Polymathe d’exception, ce dernier entend réanimer en son temps une tradition spirituelle tombée en obsolescence. Il incarne un soufisme raffiné et prend partie dans les grands débats qui divisent ses contemporains, n’hésitant pas à emprunter le chemin de l’errance. Il propose une alchimie du bonheur et conteste les prétentions des philosophes à construire une synthèse métaphysique cohérente et définitive, mettant ainsi en cause toute prétention d’un dogmatisme du savoir. Son ouvrage le plus célèbre s’intitule justement “L’incohérence des philosophes.” Par là, même s’il respecte la rationalité des sciences de la nature, il peut ouvrir la voie à une religion d’autorité fermée à la critique intellectuelle. On peut même voir en lui une sorte de Saint Thomas d’Aquin à l’envers qui a opéré un tournant obscurantiste contre toute reconnaissance d’une vraie portée de la philosophie. Une figure à certains égards paradoxale.

Merci à toute personne intéressée par cette conférence et non membre du Cercle d’écrire à : Cercle Ernest Renan [ernest.renan91@gmail.com]

Résumé de la conférence d’Alain Houziaux au Cercle Ernest Renan Le 10 novembre 2022 — La Résurrection du Christ

 

Introduction

La proclamation de l’église chrétienne « Christ est ressuscité » pose de multiples interrogations :

  • Doit-on parler de « résurrection », de « révélation » ou « d’apparition », voire de « relèvement », de « réveil » ou de « délivrance » ?
  • S’agit-il d’une apparition physique ou spirituelle ?
  • Comment expliquer que la prédication chrétienne se soit répandue aussi vite quelques mois après la mort de Jésus alors que, de son vivant, Jésus a été méconnu, incompris et abandonné ?
  • Comment l’église a pu faire de la mort et de la crucifixion de Jésus-Christ l’élément constitutif de l’espérance du salut et de la victoire de la vie sur la mort ?
  • Comment a-t-on pu prêcher que Dieu était le donateur miséricordieux de la vie et du salut, alors que Jésus était mort de manière prématurée en se sentant abandonné ?

 

Doit-on croire à la résurrection de Jésus ?

La croyance en la résurrection du Christ est d’abord un acte de foi en Dieu. En effet, Dieu est maître de la vie et de la mort. Et c’est aussi un acte de foi en la justice de Dieu qui ne laisse pas Jésus injustement condamné à mort et qui « l’exalte », le « glorifie » et le « justifie ».

  • Après sa mort, Dieu a « justifié » Jésus, c’est-à-dire qu’il l’a réhabilité.
  • Dieu l’a « glorifié » de son innocence et de son amour qui l’on conduit à volontairement donner sa vie.
  • Dieu l’a « exalté » en proclamant Jésus comme seigneur.

Cette triple proclamation est, d’une part, la consécration de l’innocence de Jésus, d’autre part une glorification de son obéissance qui l’a conduit à accepter de mourir sur la croix pour la rémission des péchésdes hommes.

Les récits d’apparition de Jésus ont une fonction comparable à celle des récits sur la naissance virginale de Jésus.

En effet, les récits sur la naissance de Jésus ont pour but d’illustrer et de démonter, après coup, une confession de foi qui énonce que Jésus est bien le Messie attendu. De même, les récits d’apparitions de Jésus ressuscité ont pour vocation de valider le bien-fondé des premières confessions de foi qui attestent que le « Christ s’est fait voir » aux fondateurs de l’Eglise après la mort de Jésus.

Le fait que le « Christ s’est fait voir » à ses disciples a permis de « retourner » ceux qui l’avaient abandonné sur la croix. Les disciples ont ainsi été « retournés » et cela a conduit à la naissance de la première église chrétienne.

En effet, L’Eglise n’a pas été pas fondée par des saints, mais par des pécheurs pardonnés.

 

La condamnation de Jésus

Au cours de sa vie terrestre, Jésus est resté relativement inaperçu et n’a pas eu la même notoriété que d’autres prophètes messianiques, relativement nombreux à cette époque.

Jésus a été condamné par les juifs, le peuple, les romains et abandonné par ses propres disciples.

Jésus a-t-il eu un rôle politique qui aurait entraîné sa condamnation ?

Un certain nombre de ses disciples voulaient qu’il ait ce rôle politique, mais il semble les avoir déçus sur ce point.

Ainsi, Juda a trahi car il s’opposait à Jésus sur sa position par rapport à Rome. Quant à Pierre, il souhaitait que Jésus ait un véritable rôle politique.

Les évangiles ont été écrits 40 ans après la mort de Jésus et, à l’époque, l’Eglise voulait être en bons termes avec Rome. D’où notamment le rôle qui a été donné à Ponce Pilate dans ces écrits.

Mais en réalité, tout le monde souhaitait voir mourir Jésus, et Ponce Pilate le premier qui ne voulait pas d’une révolte contre Rome. La mise à mort de Jésus a évité une telle révolte du peuple et sa conséquence qui aurait été une répression sévère et un massacre par les troupes de César.

La mort de Jésus

La mort de Jésus a été profondément honorable et conforme à la théorie commune aux religions qui veut que « mourir pour les autres » permet de sauver ses semblables.

Ainsi Jésus est mort, mais n’a pas été crucifié tel un vulgaire voleur,selon les écrits de Paul.Jésus s’est conduit lui-même à la mort, sur un chemin volontaire.Et surtout, Jésus est mort à la place des autres puisque ses disciples ont eu la vie sauve.

Jésus s’est ainsi sacrifié, comme Moïse qui s’est offert en sacrifice pour que le peuple soit sauvé, ou comme Abraham qui a accepté le quasi-sacrifice de son fils Isaac, ce qui a permis la naissance du peuple d’Israël.

La notion de sacrifice vicaire (à la place de) existait chez les juifs et à l’époque de Jésus.Jésus est considéré comme une victime innocente qui meurt de manière sacrificielle.

Dans le texte « Esaïe 53 », il existe une annonce de ce qui s’est passé pour Jésus. Et à la fin du « chant du serviteur de l’éternel » (ou fils de l’éternel), il existe une glorification de celui qui s’est offert en sacrifice.

La résurrection de Jésus

La notion de résurrection existe dans de nombreuses religions.

Les textes du nouveau testament appliquent des éléments de l’ancien testament et reprennent notamment la notion de résurrection d’Esaïe 53.

Le terme employé de « résurrection » peut également être traduit par« relèvement », « réveil » ou « délivrance ».

Ainsi, dans les textes de Paul, écrits 15 ans après la mort de Jésus, on ne parle pas de résurrection.

Ce n’est que bien plus tard, dans les évangiles, que l’on commence à parler de résurrection physique et d’apparition de Jésus.

Marc fait le récit du tombeau vide, mais il ne parle pas de résurrection au sens propre.Jean et Pierre font la course pour voir le tombeau vide. Quant à Marie-Madeleine, elle relève du même courant que Jean.

Dans l’épitre aux Corinthiens, Paul se présente comme un prédicateur de la bonne nouvelle et déclare : « Christ est mort pour nos péchés selon les écritures ». Le terme « selon » se rapporte vraisemblablement à Esaïe 53. Il ne s’agit donc pas du constat d’une vérité, mais de l’affirmation de l’accomplissement des écritures.

Comment expliquer que la résurrection ait lieu le 3ème jour ?

Il est écrit que le 2ème jour Dieu nous « redonne la vie » et que le 3ème jour il nous « relève ».

Il existait, à l’époque, une croyance courante qui voulait que l’âme du défunt reste dans le corps durant 3 jours. Et ainsi, le 3ème jour, ce n’est pas le corps, mais l’esprit qui est « relevé ».

L’apparition du Christ

Plusieurs éléments doivent être pris en compte pour expliquer ce processus qui va d’une « révélation » et qui devient une « résurrection ».

Il est écrit que le Christ « est apparu ». Mais s’il « s’est fait voir », ce n’est pas nécessairement de manière physique.

Le terme « apparu » est souvent employé pour des notions qui ne sont pas physiques.

Ainsi Paul, qui s’est converti longtemps après la mort de Jésus, utilise le même terme dans ses écrits pour une apparition physique et spirituelle. Et il utilise aussi souvent le terme « exalté » à la place de « ressuscité ».

Par ailleurs, « Christ » est un terme iconique, difficile à expliquer, qui reprend le terme de Messie. En fait, ce qui a ressuscité, c’est le fait que le « Jésus mort était Christ ».La croyance étant que les martyrs pour leur foi avaient droit à une sorte de compensation et, par conséquent, qu’il était légitime que Jésus ait une vie « en Dieu ».

A noter, par ailleurs, que les termes « fils » ou « serviteur » de Dieu sont issus d’une traduction différente du même mot grec « pais ».

 

Renaissance de la prédication de Jésus

Durant son existence terrestre, Jésus a été humilié de manière injustifiable. Après, il est réhabilité, c’est-à-dire « justifié ».

Dans la psychologie des disciples de Jésus, il existe un sentiment de culpabilité et donc un désir de rattrapage.

La force du Christ vient du fait qu’il a été trahi et que les disciples ont compris, après coup, les raisons du calvaire.

Il y a eu application à Jésus du message qu’il avait lui-même prêché, à savoir que les derniers seraient les premiers à être réhabilités.

Dans ces conditions, ceci peut expliquer comment la prédication de Jésus a pu démarrer et s’étendre aussi rapidement après sa mort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Résumé de la conférence de Jean-Marc Narbonne Cercle Ernest Renan le 19 octobre 2022 La Liberté d’expression chez les Grecs

La Liberté d’expression chez les Grecs

” Nous sommes les héritiers de la culture et de la liberté des Grecs ».

Introduction

Les premiers théoriciens de la démocratie grecque sont d’abord les sophistes, et notamment Protagoras, bien avant Platon et Aristote. Protagoras est un sophiste que Platon combattait. Mais Aristote exprime des positions proches de celles de Protagoras, même s’il ne le reconnaît pas expressément et s’il ne l’assume pas. De fait, les liens existants entre la pensée de Protagoras et celle d’Aristote n’ont pas été beaucoup étudiés. Pour Protagoras, la vie en cité est un fait culturel, ce qui reste vrai aujourd’hui. Pour Aristote : toutes les lois évoluent dans le temps et selon les cités. Mais certaines lois évoluent rapidement et d’autres plus lentement. Et les lois qui changent lentement peuvent être considérées comme « naturelles ».

 Ce que la démocratie grecque rend possible sur le plan culturel

L’effet de liberté qu’induit l’instauration d’un régime démocratique s’opère sur trois axes : la liberté philosophique, la liberté politique, la liberté artistique.

 

Liberté philosophique

La liberté de pensée exprime l’idée que tout n’est qu’opinion. On recherche ce qui est bon et souhaitable, mais pas nécessairement ce qui est ancestral.

En ce qui concerne la religion, Xénophane a une pensée critique sur les traits anthropomorphistes que l’on donne à la représentation religieuse des dieux.

Protagoras, de son côté, exprime la pensée suivante concernant l’existence des dieux : « je ne peux me prononcer car je n’ai pas d’expérience sur le sujet ». Pour autant, ce message n’est pas nécessairement celui d’un agnostique.

Selon la théologie naturaliste (ou des philosophes), les dieux sont une hypothèse.

Chez les polythéistes, notamment chez les Grecs, les autres dieux sont une opportunité. Et il n’y a généralement pas d’imposition d’une orthodoxie. La religion grecque n’a pas de texte sacré, pas de prêtres, ni de clergé de métier à Athènes. Ceci rend donc possible la libre interprétation de certains rites.

 

Liberté politique

Athènes est plus libérale que les autres cités antiques. On est si libre à Athènes que l’on peut vanter Sparte alors que l’inverse est impossible. Combien de temps Socrate aurait-il pu survivre à Sparte ?

Les Athéniens sont moins intolérants que les autres citoyens grecs et pratiquent le « franc parler ».

Socrate est le seul que les Grecs ont fait mourir pour ses opinions. C’est le seul cas connu de procès et de condamnation pour « délit d’opinion » à Athènes. Athènes a enduré très longtemps Socrate et ses critiques, et c’est cela qui est étonnant.

Il a été notamment reproché à Socrate de corrompre la jeunesse et d’avoir une influence pernicieuse sur elle en lui demandant de ne pas participer à la vie démocratique de la cité. Par son attitude lors du procès, Socrate a « forcé » Athènes à le condamner. Le cas de Socrate peut être considéré comme le contre-exemple de ce qu’est la démocratie à Athènes. Mais, en réalité, tout régime en situation critique peut devenir intolérant. A Athènes, il existe un lien très fort entre la vie démocratique et la vie libre. Et, en cela, Socrate s’y oppose.

Socrate, comme Platon, sont des anti-démocrates. Socrate était lié aux oligarques.

En réalité, le procès de Socrate s’apparente à un règlement de compte. L’accusation d’impiété faite contre lui à l’époque est équivalente à ce qui serait aujourd’hui dénoncé comme un « trouble à l’ordre public ».

Pour Aristote, une des formes de la liberté est de pouvoir successivement être gouvernant et gouverné. La démocratie, c’est la possibilité de vivre comme on le veut. Et la servitude c’est de vivre comme on ne le veut pas.

Dans la démocratie moderne, on vote pour des représentants qui s’occupent de tout à notre place, ce qui nous permet de nous consacrer à d’autres tâches.

Alors que dans la démocratie d’Athènes, les citoyens doivent prendre position et ont liberté de participer à la vie publique.

Liberté artistique

Cette liberté permet de se projeter dans ce qui « pourrait être », notamment au travers de la pratique poétique. On peut ainsi devenir crédule pour entrer dans le jeu de l’irréel. Dans la littérature Grecque, on distingue :

  • L’histoire
  • La fiction (ou plasma) qui raconte, comme si c’était vrai, et trompe en dissimulation,
  • Le mythe qui est un évènement non avéré et faux.

Dans la littérature Grecque, le meilleur, c’est celui qui ment le mieux. L’inventivité permet la découverte et la production du neuf. Dans la poésie de Lucien de Samosa, le « Voltaire de l’antiquité », règne une liberté absolue.

Du point de vue de la poésie, l’impossible qui persuade peut être considéré comme supérieur au possible qui ne persuade pas. Pour Aristote, le poète doit plaire et pour ce, tous les moyens sont bons, y compris le mensonge.

Homère, quant à lui, a appris aux poètes l’art de la tromperie nécessaire.

Création de la métaphore : c’est la seule chose qui ne peut être prise d’un autre.

Le Cercle Ernest Renan reçoit Alain Houziaux

jeudi 10 novembre 2022 de 18h à 19h30

 Sur le thème « La résurrection, origine et ambiguïté d’une croyance. »

Par Monsieur Alain Houziaux

La résurrection de Jésus, peut-on y croire ? Comment et quand est apparue l’idée que Dieu avait « relevé » et « glorifié » Jésus après sa mort ? Qu’est-ce que cela signifie ? Que disent les premiers textes bibliques qui en parlent ? Pas forcément ce que l’on croit. Et aujourd’hui, que peut-on encore penser de tout cela ? Bref, une approche laïque et historique de cette question.

Alain Houziaux, né en 1942, est pasteur de l’Église protestante unie de France, docteur en théologie et en philosophie.

Il est l’auteur d’ouvrages de philosophie et de spiritualité. Il a notamment organisé les « conférences de l’Étoile » au temple protestant de l’Étoile à Paris. Ces conférences sont publiées aux éditions de l’Atelier dans la collection « Questions de vie » qu’il dirige.